49.3 est une proposition sonore. Il y a de la musique, bien sûr, du bruit toujours, de la poésie souvent, des paysages sonores et des poussées nostalgiques parfois, et quelques autres choses…
Que dire de plus que ce que l’on constate, une incroyable confusion entre notre appartenance nationale et notre degré de contentement, de satisfaction, voire d’amour de la nation à laquelle nous appartenons. Je peux dire que je suis un citoyen du monde et que je veux qu’on me considère comme tel quand je passe une frontière, mais je doute que le douanier en ait quelque chose à faire de mon refus d’appartenir à une nation. Je suis donc Français de nationalité et il faut l’admettre aussi de culture, mais est-ce pour autant que je suis dans un moule du Français parfait, que je soutiens toutes les équipes de France, les interventions militaires de la France, suis admiratif devant Pinault ou le gouvernement, que j’ai un buste de Bayrou ou Macron posé sur une cheminée que je n’ai pas, que les autres me paraissent bien malchanceux de ne pas partager avec moi la qualité d’être Français.
Je m’interroge donc sur les retailloteries en tout genre qui consistent à dire que tout bon Français et notamment musulman, devraient aimer la France. À cela s’ajoute, la connaissance de ce qu’est être français.
Donc, moi qui ne suis que Français, athée, personne ne me posera la question et pourtant je répondrais non. Étonnant, non.
J’ai des raisons objectives de ne pas aimer la France qui sont simples et évidentes, je n’aime pas ses dirigeants, les donneurs de leçon (et on en a pléthore), je n’aime pas ce qu’elle est et ce qu’elle va devenir. Mais ce désamour ne veut pas dire autre chose que je n’aime pas la France telle qu’elle est; raciste, machiste, homophobe et toute cette sorte de choses.
Quant à la supposée connaissance de la France, il suffit de trainer dans un bar populaire , comme on dit chez les autres qui ne le sont, pour voir que même les leçons d’histoire du conservateur Delagrave n’ont pas laissé beaucoup de traces et que l’actualité se réduit aux potins, une gifle supposée de Brigitte à Emmanuel c’est plus important, que le nombre d’accidentés du travail. Il est vrai que là,c’est difficile d’en rire; être mal payé et en plus mourir au travail. La France que les autres aiment est bien classée dans deux domaines, la mortalité infantile et les accidents du travail. Est-ce que ceux qui meurent sont plutôt des bons Français ou des autres , ceux dont on n’est pas sûr .Je manque certainement d’humour, mais ce n’est pas ce que disent ceux qui m’entourent. Rire ne veut pas dire perdre son humanité, je peux rire de tout à condition que ce tout ne soit pas toujours la même chose.
Sentiment d’appartenance quelle farce!

Que dire de plus que ce que l’on constate, une incroyable confusion entre ce qui est et ce que l’on ressent. Depuis l’invention de la température ressentie, nous ne serions plus capables de sentir correctement, mais nous passerions tout le temps par la case ressentie. Or ce ressenti, renvoie à quoi. Si nous en restons à la définition du ressenti : Perception subjective et personnelle des émotions et donc aussi des sensations. Mais au nom de quoi, une officine aussi respectable que météo France pourrait décréter que je vais avoir plus froid que ce qui est. J’ai un ami tchèque qui est toujours en T-shirt quel que soit le temps, il ressent moins bien que le français moyen. Et que dire du sentiment qui est une sorte de ressenti.
Le sentiment d’insécurité par exemple. Pendant des années, s’était installé entre mon père et moi, un rituel pour déjouer sa solitude. Je passais tous les soirs chez lui pour boire un apéro, manger quelques olives et cacahuètes, en regardant questions pour un champion. Ça peut paraitre un dispositif bizarre et très contraignant, mais bon, il faut ne pas avoir eu de parents âgés pour ne pas connaître les joies de ces rituels. Et puis questions pour un champion, ça améliorait ma culture générale et je serais fin près quand il faudra moi aussi me coller à la télé. Donc tous les soirs de la semaine, qu’il fasse beau, qu’il vente, qu’il fasse jour ou nuit.
Et immanquablement, il y avait un moment où il fallait que je parte pour diverses raisons, et à ce moment-là, immanquablement mon père regardait par la fenêtre dans la rue, et immanquablement, il commentait ce qu’il voyait par, ce n’est pas normal il y a encore des gens dehors, qu’est-ce qu’ils font dehors à cette heure-ci… C’est bizarre, ça devait vouloir dire ce n’est pas normal. Mais je sentais qu’il y avait une inquiétude pour son fils et les 623 m qu’il devait faire pour retrouver sa maison. Quelquefois, j’y allais de l’humour militaire en lui expliquant qu’il n’y avait pas de couvre-feu décrété.
Et puis un jour, excédé (petitement tout de même, je ne bouscule pas les personnes âgées, ni les autres, d’ailleurs), je lui ai dit : « tu sais qui sont tous ces gens qui sont dans les rues et qui l’occupent à ces heures indues, ce sont tous des fils qui vont boire l’apéro et regarder questions pour un champion avec leur père. Et après, ils rentrent chez eux et pendant un instant plus ou moins longs, ils sont dans la rue.
Sentiment d’insécurité, quelle farce.

Vous pouvez toujours écouter cette radio, y avoir des ressentis ou de simples sentis, voire sentiments. Elle navigue toujours pareille, au gré des associations du juke box et d’une programmation sommaire. Parfois, c’est pénible, mais la plupart du temps, c’est écoutable et on y découvre des choses.
Il faut vous avouer que cette radio a une fonction, c’est de me rappeler tout ce que j’ai accumulé ces 20 dernières années, et de pouvoir m’en servir si nécessaire. Et puis je trouve frustrant et injuste que tout u tas de gens ont fait des bruits et de temps en temps de la musique et que personne ne les programme. Ma détermination n’a aucun sens, très isolé, sans aucune chance (ou infinitésimale) de rencontrer un auditeur.
N’hésitez pas, que vous ayez détesté ou adoré ou être resté indifférent à la proposition de laisser un petit mot là.
17 janvier 2024 : anniversaire de l’art
“Tout a commencé un 17 janvier, il y a un million d’années…”
Ainsi commence L’histoire chuchotée de l’art de Robert Filliou (1963).
Ce 17 janvier, nous vous proposons une programmation sonore en écho à L’histoire chuchotée de l’art : de nouvelles interprétations du texte et, en résonance ou en affinité avec celui-ci, des expérimentations musicales, bruitistes, poétiques, textuelles, etc.
Joyeux anniversaire !
Avec (diffusion aléatoire) :
– Florence B., Une autre hystoire dégénérée du capharnaüm de l’art
– Ekaterina Bunits, Art is alive
– Yves Caro, L’art est
– Olivier Costes et Cyril Douay, L’art est une drôle d’histoire
– Céline Delestre et Ange B, Histoire extrapolée de l’art
– Albane Dupeyrat-Martin et Julie Martin, Histoire chuchotée de l’art
– Bernard Fontaine
– Frauke, Premier cri
– Matthieu Saladin, Inaudible Introduction To Robert Filliou’s Whispered History Of Art by Dick Higgins
– Justine Veillard, Murmure
– Zoe Viala, Reborn reborn
– Eric Watier, Do La Sol Mi
Une proposition de Trois‿a et radio 49.3 dans le cadre de « Tumulte ».
Février 2023
On ne sait jamais. Ron Padget
Et faire autant de bruit que possible…
Même dans le Montana, même avec des auteurs de Montana qui s’occupent de chasse et de pêche et de provisions de bois pour l’hiver, ils arrivent à faire des romans qu’on achète aussi bien à Paris qu’à New York. Cela, c’est une chose qui m’échappe. Nous avons des hectares de forêts et de rivières, nous avons un pays qui est deux fois le Montana en matière de pêche et de chasse et nous ne parvenons pas à écrire des romans internationaux.
Du jour où j’ai compris cela, je dois dire, j’ai pris une carte de l’Amérique, je l’ai accrochée sur le mur de mon bureau et je me suis dit que l’histoire entière de mon prochain livre se déroulerait là-bas, aux États-Unis.
Tanguy Viel, La disparition de Jil Sullivan
> Ce que vous écoutez en ce moment… ou avec vlc 49.3
Instantané de la radio et références de ce qui s’écoule ou s’écoute à l’instant.